Revue du système Sailfish OS (1/2)

Logo de sailfish OS

Logo de sailfish OS

J’ai publié la semaine dernière ma première application pour Sailfish OS. Il s’agit du système qui tourne sur les téléphones Jolla. Ce petit jeu permet de charger des problèmes de go déjà préparés, pour ensuite les tester et rechercher la solution. La première version a été publiée sur le site openrepos.net la semaine dernière, pour la première version du jeu avec les fonctionnalités que je souhaitais. C’est l’occasion de faire une petite revue du développement pour Sailfish OS.

Présentation

Sailfish OS est un système d’exploitation tournant sur le téléphone Jolla. Le système est construit en utilisant Qt et Wayland pour la partie graphique. Un terminal est nativement disponible sur le téléphone, et la connexion ssh est prévue sans qu’il ne soit nécessaire d’installer quoi que ce soit. On peut donc dire qu’un bidouilleur sous linux retrouve facilement ses marques sur le téléphone et le système.

L’ide

Les développeurs ont eut le bon gout d’utiliser des technologies existantes pour faire l’environnement de développement. On dispose donc d’un package comprenant:

  • Une IDE — Qt Creator
  • Une machine virtuelle pour faire la compilation vers ARM
  • Une machine virtuelle pour émuler le téléphone.

Le développement se fait donc en QML, et un binding python est également disponible.

Capture d'écran de l'environnement de travail

Capture d’écran de l’environnement de travail

Des exemples sont fournis, permettant de lancer quelques applications, principalement en QML et javascript; la partie C++ est limitée au lancement de l’application.

On peut remarquer des incohérences autorisées par l’éditeur et le compilateur dans l’agencement des composants — par exemple il est possible de mettre un composant «page» dans un autre composant «page» ce qui provoque des erreurs à l’affichage ou dans le comportement. Quand on a pris l’habitude des langages fortement typés où le compilateur bloque tout programme mal structuré, ça agace… Il s’agit d’un problème dans l’éditeur Qt Creator et non sur le système mais pour un développeur qui ne connaît pas, ce genre de problème met du temps avant d’être compris et résolu.

Les composants

L’interface de Sailfish est construite en enrichissant la base Qt de nouveaux composants, qui correspondent à l’interface du téléphone. Il est donc facile de construire une application qui s’intègre dans l’ergonomie du téléphone, puisque l’utilisation des composants standards va donner une base à la fois sur l’aspect visuel, mais également concernant la partie interactivité.

Il est facile d’intégrer une application existante pour le téléphone. Par exemple gPodder est présent à la fois sur android et sailfish, seule l’interface graphique diffère entre les deux projets.

Il est facile de coder en Python grâce à la librairie PyOtherSide, qui permet de faire la liaison entre la partie QML et du code python. Sans toucher au C++, on dispose donc des briques nécessaires pour pouvoir se faire une application complète assez rapidement.

La documentation

La documentation ne couvre que la partie composant graphique de QML. Les composants propres au système Sailfish OS sont bien décrits et l’aide est intégrée à Qt Creator sans qu’il soit nécessaire d’aller chercher sur le net (la documentation autrefois disponible en ligne a été retirée lors de la dernière diffusion de l’environnement de développement; on trouve donc de nombreux liens qui pointent désormais vers des pages inaccessibles…)

Par contre, le fonctionnement des binding python (par exemple) n’est pas couvert, et il est nécessaire de parcourir le code des autres projets pour comprendre comment utiliser telle fonctionnalité.

La compilation

À travers quelques clics, il est facile de changer la cible de la compilation:

  • Un exécutable à lancer dans l’émulateur
  • Un RPM à destination d’une plate-forme ARM
  • Un RPM pour une architecture locale

Comme dit plus haut, je n’ai pas testé l’écriture d’application C++, cela facilite la chaîne de compilation… Si l’on se contente d’une application Python, on dispose alors d’une chaîne de compilation très facile à mettre en place.

Bilan

Je n’ai eu aucun problème à installer et lancer l’environnement de développement. Tout fonctionne correctement dès l’installation sans rien avoir à configurer.

Les technologies utilisées sont plutôt bien choisies (au moins pour quelqu’un qui a déjà son PC sous linux), et actuelles. Je pense que le pari d’avoir choisi Qt est gagnant, autant pour l’équipe de développement du système, qui dispose déjà d’un environnement bien construit que pour le développeur d’application qui trouve facilement de la documentation pour son besoin. On sent par contre la jeunesse de l’environnement à travers les petits problèmes mentionnés ci-dessus.

L’émulateur tourne dans une image virtualbox. Il est possible de se connecter à la machine via ssh, ce qui permet d’accéder au système, il n’y a pas de limitation d’accès et il est possible d’être root comme sur le téléphone.

Sur mon poste, l’environnement est beaucoup plus lent que le téléphone, il est parfois nécessaire d’attendre un moment avant de charger une page et qu’une animation se termine.

J’aborderai dans un autre article la question de la sécurité des applications.